Une Bugatti, c'est le luxe, la puissance, l'élégance... un flamboyant objet du désir. La passion qu'elle suscite est restituée à travers le portrait de son créateur, Ettore Bugatti, et de ses fans prêts à tout pour posséder la voiture de leurs rêves.


À l'aide d'archives souvent inédites et du témoignage de Caroline Rinaldi-Bugatti, petite-fille d'Ettore Bugatti, le documentaire retrace l'épopée du concepteur de cette voiture de rêve. Depuis 1929, date à laquelle un richissime Anglais créa le premier club de bugattistes à Prescott, la marque déchaîne les passions. Simples amateurs ou riches collectionneurs, les fans de Bugatti se comptent aujourd'hui par milliers et se retrouvent lors de rallyes ou du rassemblement californien de Pebble Beach. Certains ont sacrifié leur fortune pour assouvir leurs fantasmes, tels les richissimes frères Schlumpf qui, en constituant l'une des plus grandes collections de Bugatti (aujourd'hui exposée à Mulhouse), ont mené leur entreprise de filature à la faillite ; ou tel l'industriel italien Romano Artoli qui, en rachetant la marque, s'est totalement ruiné.


Rouge passion, noir désir
Milanais d'origine, Ettore Bugatti s'installe en Alsace en 1902 pour s'associer à des industriels de l'automobile. Très vite, il désire construire ses propres voitures. En 1907, il installe son usine à Molsheim, ville située à l'époque en Allemagne, où il développe son fameux moteur "pur sang" et crée la B. B. Peugeot. Refusant de pactiser avec les Allemands, il se retire de l'usine pendant la Première Guerre mondiale. À son retour, la marque acquiert peu à peu une renommée internationale, notamment grâce aux modèles Brescia et aux centaines de victoires des voitures rouge et noir sur les circuits automobiles. Mais la crise des années 1930 empêche Ettore Bugatti de mener à bien ses projets, notamment la prestigieuse Royale, construite en tout et pour tout en six exemplaires. Son fils Jean continue malgré tout d'innover en concevant les modèles 57, élégants et puissants, qui gagnent les 24 Heures du Mans en 1937 et 1939. Mais Jean meurt au volant de l'une d'elles lors d'un essai. La Seconde Guerre mondiale et le refus de la France de lui restituer l'usine ont raison de l'entreprise et de Bugatti, qui meurt en 1947. Plusieurs tentatives sont ensuite menées pour ranimer la flamme rouge et noire. Sans succès, du moins jusqu'à la récente arrivée de Ferdinand Piëch, le patron de Volkswagen, qui a repris en main l'entreprise et vient de lancer, à Molsheim, là où la Bugatti est née, la construction d'une nouvelle voiture de légende, la Veyron-Bugatti.