Molsheim
Bouchées d'histoire - DNA 21.05.08

Le Château St Jean - Siège de Bugatti SAS


L'assassin du commandeur
Les bouchons qui arrêtent si souvent les automobilistes dès leur sortie du rond-point, en direction de Molsheim, peuvent présenter un effet positif : conducteurs et passagers ont ainsi tout loisir de découvrir et de contempler, à leur droite, pudiquement drapé de verdure, un vieux porche voûté où veille la statue de saint Jean-Baptiste. Un souvenir de la Commanderie, qui peut faire rêver... Rêver à qui ? Dès qu'on parle de commanderie, donc de moines-soldats, jaillissent dans les esprits des images romantiques de Templiers plus ou moins cruels, lubriques, ésotériques et, bien sûr, roulant sur l'or. Dans notre secteur, on vous en met partout, pour les motifs les plus farfelus : à Dorlisheim, mais aussi à la Rosenbourg de Westhoffen et, tant qu'on y est, au Guirbaden ! Nenni, pas de Templiers, mais des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem (ou Johannites), qu'on appellera plus tard « Chevaliers de Malte », un ordre qui existe toujours. En temps de paix, ils étaient vêtus d'un habit monastique noir ; au combat, ils portaient armure ou cuirasse, selon l'époque, recouverte d'une casaque rouge avec la croix blanche à huit pointes qu'on désigne pour cette raison comme « croix de Malte ». Le premier qu'on connaisse pour Dorlisheim était un certain Philippe en 1266 (et non en 1011, comme on le lit sur un poteau de l'entrée ). La commanderie fut, vers 1328, le théâtre d'un crime. Un membre de la communauté, avec la complicité de quelques autres frères, assassina le commandeur Heinrich. On s'attendrait à apprendre que le meurtrier fut pris, jugé et exécuté, mais... non. On le chassa de la maison et il traîna misérablement dans la région, pris de remords. A cette époque, l'empereur, mécontent du pape Jean XXII qui résidait en Avignon, venait de faire élire un antipape à Rome : Nicolas V. Celui-ci chargea, le 12 juin 1328, trois dignitaires ecclésiastiques alsaciens d'intervenir en faveur du pécheur repentant pour le faire de nouveau admettre à la commanderie. L'histoire ne dit pas comment il y fut reçu. Gageons que le successeur du commandeur assassiné prit ses précautions...

Marie-Thérèse Fischer

NB : La statue qui domine le porche de l'entrée est une copie ; l'original est conservé au musée de l'OEuvre Notre-Dame. Ici vivaient des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem et c'est dans leur église qu'ont été enterrés Walter de Geroldseck et son frère.

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